Abbaye de Fontevraud
L'aperçu de ses jardins historiques ne serait pas complet sans comprendre l'impact des jardins du monastère sur l'art du jardinage et de l'horticulture. Les moines avaient une grande expertise dans leur connaissance des plantes. Leurs efforts pour établir et entretenir leurs jardins à des fins alimentaires, médicinales et spirituelles étaient bien connus. Le travail de la terre était imposé par la règle monastique comme un acte d'humilité, de pénitence et d'abnégation.
L'abbaye de Fontevraud et son histoire exceptionnelle sont un exemple frappant de cette philosophie monastique. Les jardins ont été créés à l'aube du XIIe siècle par un prédicateur itinérant Robert d'Arbrissel. Il pratiquait le "syneisaktisme", une forme d'ascétisme, un "mariage spirituel" où hommes et femmes cohabitent dans la chasteté. L'éloquence et la personnalité de ce prédicateur attiraient des foules de plusieurs centaines de personnes de tous rangs. Cette grande communauté était guidée par Robert d'Arbrissel et soutenue par l'évêque de Poitiers. Parallèlement à de nombreuses donations et concessions de terres, de vignes, de moulins, voire de droits seigneuriaux des seigneurs angevins locaux, la construction rapide de l'abbaye royale de Fontevraud est rendue possible.
Le roi d'Angleterre Henri II, son épouse Aliénor d'Aquitaine et leur fils le roi Richard Cœur de Lion y furent inhumés à la fin du XIIe siècle. Le monastère a été supprimé pendant la Révolution française et a été transformé en prison de 1804 à 1963. Après cela, il a été donné au ministère français de la Culture. après une importante restauration, l'Abbaye est ouverte au public en 1985.
Les Jardins de l'Abbaye de Fontevraud.
Historiquement, l'abbaye de Fontevraud s'inscrit incontestablement dans la tradition des abbayes dont les différents jardins et fonctions étaient à la fois matériels et spirituels. Les actes et plans antérieurs à 1789 mentionnent jardins, terrasses et bassins autour du Palais abbatial. Dès 1580, un pont enjambe le chemin de Chinon. Cela permit à l'abbesse Eléonore de Bourbon et aux religieuses de se promener dans les « grands jardins » aménagés autour d'un ancien vignoble.
Vers 1670, « la Reine des Abbesses », Gabrielle de Rochechouart, aménage les jardins en terrasses qui s'étendent entre la galerie du Palais et le Prieuré Saint-Lazare. Celles-ci étaient reliées, par un passage, à la cour intérieure et aux grands jardins de Bourbon récemment plantés. Bien qu'il n'ait pas de jardins "historiques" classiques qui auraient pu attirer la curiosité des visiteurs potentiels, le site de Fontevraud illustre son histoire par essais et erreurs, expérimentant la végétation tout autour du site complexe.
C'est d'abord l'architecte Vitry qui proposa de créer un verger de pommiers et une série de terrasses près de Saint-Lazare. Puis en 1970, il conçoit un damier de quatre carrés de bordures de pelouse avec buis pour le plus grand cloître. En 1981, les jardins à proximité des cuisines et des anciennes infirmeries sont réaménagés dans un style médiéval.
L'Herbularius ou le jardin des plantes médicinales est reconstitué par la Fondation Yves Rocher au sud du Grand-Moutier. Le « Jardin des regards », créé en 2004, a été construit comme un paysage miniature et a été conçu pour rendre hommage à Aliénor d'Aquitaine.